L'inflation est bien le cheval de bataille

22/03/2022

1 min

La ronde des banquiers centraux continue. Après la BCE il y a deux semaines, la Fed et la BoE suivaient la semaine dernière avec leur réunion de politique monétaire. Si la BCE, avec une inflation moins forte en relatif et une exposition à la crise ukrainienne plus importante, n’avait pas assoupli son discours, difficile d’en attendre autrement des institutions américaine et britannique.

Du coté de la Fed, l’objectif affiché par Jerome Powell est de « briser » l’inflation tout en maintenant la croissance. Vaste programme... Par rapport à la réunion de décembre, les projections économiques ont été revues dans les grandes largeurs. La prévision de croissance a ainsi été ramenée de 4% à 2.8% pour 2022 tandis que l’inflation est revue à la hausse de 2.6% à 4.3% pour cette année, mais également pour les années suivantes (de 2.3% à 2.7% en 2023 et de 2.1% à 2.3% en 2024), soit au-dessus de l’objectif de la banque centrale. Si les conséquences de la guerre en Ukraine sont encore incertaines, notamment sur l’inflation, la Fed n’a d’autre choix que d’agir afin de ne pas laisser filer l’inflation au-dessus de son objectif de long terme, même si le changement de doctrine qui vise désormais une inflation moyenne sur longue période lui laisse une marge de manœuvre supplémentaire. Ainsi, les taux directeurs ont été augmentés comme attendu de 25 bps et les membres du FOMC anticipent désormais des Fed funds dans la borne 1,75% / 2% en fin d’année (contre 0.75% / 1% en décembre) soit 6 hausses de taux de 25 bps supplémentaires. Comme pour la BCE, la Fed restera « data dependent » dans la détermination de sa politique monétaire dans les mois à venir. Ainsi, une hausse de 50 bps d’un coup n’est toujours pas à exclure. L’autre point d’attention, resté celui-là sans réponse, concerne la réduction du bilan (quantitative tightening) de la banque centrale, renvoyé à la prochaine réunion, même si Jerome Powell a confirmé que les membres du FOMC en avaient débattu, ce qui devrait transparaître lors de la publication des Minutes.

Les marchés financiers ont plutôt bien réagi à ce virage davantage hawkish. Car, s’il existe des doutes sur les prévisions de croissance, que certains jugent optimistes, la Fed semble avoir pris la mesure de l’inflation et ses anticipations de hausse des taux sont désormais en phase avec les attentes du marché qui jugeait, jusqu’à présent, que la Fed était « derrière la courbe ».

Dans le sillage de la Fed, la BoE a également augmenté ses taux directeurs de 25 bps même si la banque centrale s’est montrée plus prudente dans sa communication à cause de la crise ukrainienne. Clairement, cette crise rend toute prévision quasi impossible. L’Insee a, par exemple, suspendu ses prévisions de croissance pour les prochains mois du fait de multiples conséquences liées à cet événement géopolitique. Les banques centrales vont donc devoir continuer leur jeu d’équilibristes : lutter contre l’inflation, qui ne devrait pas faiblir, tout en essayant de ménager la croissance.

 

Thomas GIUDICI

Co-responsable de la gestion obligataire, Auris Gestion, Paris

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