Le chemin de la discorde

10/05/2022

1 min

La réunion de politique monétaire de la Fed a, sans surprise, débouché sur une hausse des taux directeurs de 50 bps. Cette décision, assez largement annoncée par Jerome Powell, a été prise à l’unanimité des membres du FOMC, y compris par James Bullard, membre particulièrement faucon, qui milite régulièrement pour un resserrement plus agressif pour lutter contre l’inflation. Cette réunion a aussi été l’occasion pour la banque centrale américaine de détailler le rythme de réduction de la taille de son bilan : 47,5 milliards de dollars (30 Mds$ de bons du Trésor et 17,5 Mds$ de MBS) sur les trois prochains mois, avant d’augmenter le rythme à 95 Mds$ (60 Mds$ de bons du Trésor et 35 Mds$ de MBS), comme annoncé dans les dernières minutes du FOMC. Cependant, de l’aveu même des membres du FOMC, les conséquences de cette réduction restent encore incertaines sur le resserrement des conditions de financement.

Si ces décisions étaient globalement attendues, le discours de Jerome Powell, tout en restant relativement hawkish, est néanmoins venu calmé, dans un premier temps en tout cas, les anticipations futures de hausse des taux. Le Président de la Fed a, en effet, déclaré que les membres du FOMC ne « considéraient pas » activement une hausse de 75 bps des taux directeurs pour les prochaines réunions mais que des hausses de 50 bps restaient sur la table. Sur l’analyse économique, Jerome Powell a mis en avant les déséquilibres persistants sur le marché du travail. Le nombre de postes vacants (cf. graphique de la semaine) est en effet au plus haut, ce qui maintient les tensions sur l’inflation salariale et rend de plus en plus probable un dérapage de la spirale inflationniste prix / salaires, ce que la Fed ne peut se permettre, tout comme un « désancrage » des anticipations d’inflation. Ainsi, si le Président de la Fed a reconnu que la banque centrale ne pouvait rien faire sur les facteurs exogènes inflationnistes (prix des matières premières et tensions sur les chaînes d’approvisionnement), elle peut en revanche agir sur la demande domestique par le resserrement monétaire. Un rééquilibrage du marché du travail ne pourra cependant se faire que par un ralentissement de la croissance ou par une augmentation du taux de participation (personnes âgées, femmes,…), ce que les membres du FOMC considèrent toujours comme probable.

Concernant la croissance américaine, Jerome Powell considère qu’elle reste solide, soutenue par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Le président de la Fed continue donc de vendre aux investisseurs, « un chemin », idéal avouons-le, où la banque centrale américaine arriverait à faire baisser l’inflation sans mettre l’économie américaine en récession. Les marchés financiers ont, dans un premier temps, favorablement accueilli ce discours, avant de rapidement se retourner. Si le fait de voir une Fed « dovish », ou plutôt moins agressive dans le contexte actuel en excluant des hausses de 75 bps, a toujours soutenu les marchés, les investisseurs semblent ne plus croire au chemin annoncé par Jerome Powell.

Thomas GIUDICI

Co-responsable de la gestion obligataire, Auris Gestion, Paris

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