La lettre de la Gestion Privée Mars 2021

31/03/2021

1 min

Chers clients, chers amis,

Encore pris entre les vagues successives de la pandémie, le climat printanier fait naitre l’envie d’un « après » différent.

Même s’il est trop tôt pour saisir toutes les conséquences d’un tel choc exogène, il est déjà possible de mesurer l’amplitude de la marée sur l’économie réelle (repli et rebond marqués de la croissance, nonobstant de fortes disparités sectorielles), la résilience des marchés financiers, et le fonctionnement sans entrave de ceux des capitaux.

Une liquidité abondante, couplée au pari de la science des vaccins, maintient l’équilibre du système, bien que quelques éruptions cutanées – « Gamestop », « Greensill », ou « Archegos » – nous rappellent à la vigilance face aux comportements à risque, voire cupides.

Ceci posé, cette crise entame la capacité du monde à réduire ses inégalités et antagonismes – homme-femme, nord-sud, industries-services, richesse-pauvreté, travail-capital - et vient stimuler la promotion de projets « disruptifs » à la faveur d’un nouvel « ordre mondial ». En voici quelques facettes et controverses :

  • Le « World Economique Forum » (« WEF ») a lancé l’initiative de la « grande réinitialisation » pour reconstruire une économie durable. Dévoilée en mai 2020 par le prince Charles, peut-être en quête de légitimité en attente du trône du Royaume-Uni, et par Klaus Schwab, directeur du WEF, son objectif est la création d’un « capitalisme responsable » visant à préserver l’environnement, réduire la fracture sociale et réinstaurer la confiance. La méthode n’oppose pas la rentabilité à la durabilité et favorise le recours aux technologies de l’innovation et à la science.
  • Soutenu par Joe Biden, Justin Trudeau et Boris Johnson, ce plan est décrié par des mouvements conspirationnistes, aux thèses plus ou moins virulentes et parfois contradictoires, qui dénoncent une manipulation favorisant l’enracinement et la reproduction des seules élites.

Sans adhérer aux prises de position extrêmes, les questions de l’adaptation au progrès des systèmes politiques, et des risques de dérives démocratiques, sont légitimement posées.

Parmi les inspirateurs des pensées disruptives, Sam Altman(1), grand évangéliste de la « tech » et co-fondateur avec Elon Musk d’une fondation (« OpenAI ») dédiée à l’Intelligence Artificielle (« IA »), envisage un « capitalisme pour tous » : l’atelier du monde, précédemment chinois, serait remplacé par des robots, eux-mêmes fabricants de robots. L’avènement de l’IA faciliterait une croissance exponentielle grâce à la généralisation de la loi de Moore(2) à d’autres secteurs, avec à la clé une réduction drastique des coûts de production et une éviction quasi-totale du facteur travail au profit du facteur capital.

L’IA appliquée notamment aux secteurs clés de l’immobilier, de la santé et de l’enseignement serait synonyme d’accès généralisé au bien-être et faciliterait la mise en œuvre d’un revenu universel. Ce « paradis » ne pourrait cependant être atteint que par une mue des systèmes gouvernementaux : la mise en œuvre d’un « American Equity Fund », alimenté par des attributions annuelles d’actions de chaque entreprise en faveur de chacun, alignerait les intérêts des citoyens avec ceux des entrepreneurs et investisseurs.

Un idéal évidemment controversé : Erik Larson(3), dans son récent ouvrage intitulé le « Mythe de l’IA », met en doute l’imminence des acquis de l’IA et son efficacité en dehors de quelques niches. C’est également faire fi des résistances au changement, à moins qu’un grand homme de la trempe de Roosevelt n’émerge pour imposer le « Great Reset » comme un « New Deal » non suspicieux.

Plus prosaïquement, s’agissant des effets de la pandémie, je retiens l’assertion du philosophe Friedrich Nietzsche : « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Dans son dernier éditorial, Tim Harford(4) s’en inspire également pour conclure que nonobstant les terribles effets sur un grand nombre de laissés pour compte par la crise, ses bénéfices ne sont pas négligeables : création de nouvelles applications et logiciels, réorientation des services de proximité, accélération de la création de micro-entreprises (même si certaines sont des reconversions forcées), renforcement des capacités d’éducation à distance, émulation de la recherche médicale, réaffectation de la croissance en dehors des grandes mégalopoles.

A minima, ces lueurs d’espoir nous donnent l’envie de partager et d’agir, moteurs essentiels de la réussite que je vous souhaite.

(1) Sam Altman (né le 22 avril 1985) : entrepreneur américain, investisseur, programmeur et bloggeur, ancien président de Y Combinator
(2) Gordon E. Moore (né le 3 janvier 1929) : postulant d’une loi empirique annonciatrice d’un doublement tous les deux ans de la capacité des puces des micro-processeurs
(3) Erick J. Larson (né le 3 janvier 1954) : journaliste et auteur américain inspiré par les thèmes d’actualité
(4) Tim D. Harford (né en 1973) : économiste et journaliste anglais

 

Nicolas Walther

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